Le retrait du visa d’un haut responsable haïtien, surnommé “Présidan Fritz Jean”, a récemment secoué le paysage politique national. Cette décision soulève de nombreuses questions sur la transparence, la souveraineté et l’influence étrangère dans la politique haïtienne. Certains analystes évoquent la possibilité de pressions internationales, notamment via le KPT.
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L'ancien Premier ministre en Conseiller Présidentiel Fritz Alphonse Jean, figure de réflexion sur les enjeux de la gouvernance en Haïti. |
L'ancien Premier ministre et économiste Fritz Jean livre une critique acerbe de la situation politique haïtienne.
En réaction au scandale du retrait de son visa, il déconstruit le concept de « subalternité » qui conditionne les relations d'Haïti avec la communauté internationale et met en lumière l'impasse d'une gouvernance nationale jugée « prise en otage ».
Du Scandale du Visa à l'Enjeu de Souveraineté
L'interview de M. Fritz Jean au micro de Rudy Sanon fait suite à la révocation de son visa par les États-Unis.
Loin de s'arrêter à la sphère personnelle, l'économiste utilise cet événement pour débattre de la question fondamentale de la souveraineté nationale et de l'ingérence étrangère.
Il rappelle ainsi qu'il avait déjà volontairement renoncé à sa carte verte en 2013, tout en qualifiant l'action récente américaine d'« accusation » et d'acte politique symbolique.
L'analyse de M. Jean se concentre sur la posture de l'État haïtien et de ses élites face à ces pressions, remettant en question la culture de la dépendance.
L'objectif de cet article est de décortiquer les concepts clés de son intervention pour enrichir la compréhension de la crise politique haïtienne par une approche rigoureuse et factuelle.
Les Trois Piliers de la Critique.
La Subalternité : Maladie Structurelle de la Nation.
Le concept central de l'argumentaire de Fritz Jean est la dénonciation de la « subalternité », un mode de fonctionnement qui paralyse la société haïtienne. Ce phénomène de subordination s'exprime à deux niveaux, formant un cercle vicieux de dépendance :
Subordination Externe :
La relation de soumission des dirigeants haïtiens aux puissances étrangères et aux institutions internationales.
« La relation de subalternité que nous vivons en Haïti, c'est grave. »
Subordination Interne :
L'inégalité structurelle des relations de pouvoir entre les élites et le reste de la population, ainsi qu'entre la capitale et les régions.
Selon l'économiste, cette culture d'infériorité institutionnalisée est la raison pour laquelle les dirigeants ne parviennent pas à protéger la souveraineté nationale.
L'État « Pris en Otage » et la Faillite de la Gouvernance.
M. Jean dépeint l'État haïtien comme étant confisqué et kidnappé, ce qui rend toute discussion sur la bonne gouvernance futile. Il affirme que ce diagnostic, qu'il a partagé avec les ambassades étrangères, est la clé de lecture de l'impasse actuelle : « L'État haïtien est pris en otage par 4 ou 5 mondes. »
« L'État est kidnappé. Si on n'affranchit pas l'État de cette question de kidnapping, cette question de gouvernance, c'est une blague. »
Cette faiblesse structurelle mène à un manque de courage politique flagrant. M. Jean critique vertement l'absence de réaction ferme du gouvernement face aux pressions (comme le retrait de visa) et aux tentatives d'intimidation.
Il aurait souhaité des mesures fortes, telles que l'expulsion d'un ambassadeur (persona non grata), plutôt que d'assister à l'apparente résignation des autorités.
L'Appel à l'Autonomie et au « Carrefour Historique »
Pour renverser cette dynamique, Fritz Jean lance un vibrant appel à la responsabilité nationale. Il exhorte les Haïtiens, particulièrement les élites politiques, à cesser de chercher l'arbitrage et les solutions en dehors des frontières du pays :
« L'Haïtien doit suspendre de porter plainte chez l'étranger. »
Il conclut que la nation se trouve à un « carrefour historique » qui exige une prise de conscience radicale.
Les acteurs du pouvoir et les élites économiques doivent impérativement changer leurs méthodes d'accumulation de richesse et de gestion, devenues intenables.
« Nous sommes à un carrefour historique en Haïti... Il y a des mondes qui doivent prendre leur courage à deux mains pour dire que la façon dont les gens ont l'habitude de faire de l'argent, cela doit finir. »
L'Urgence d'un Réveil National pour la Dignité.
L'analyse de Fritz Jean est un puissant réquisitoire contre la culture de la subalternité et un manifeste pour la souveraineté retrouvée.
Pour lui, la crise haïtienne ne trouvera de véritable issue que par un « gros réveil national » qui permettra de démanteler le système actuel et de refonder l'État sur des bases d'autonomie, de dignité et de responsabilité collective.
Il est impératif que les acteurs haïtiens cessent d'être des subalternes et deviennent les architectes et les garants de leur propre destin.




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