Haïti : Le MENFP trace les bases d’un nouvel avenir pour le préscolaire — Entre données clés, stratégies d’investissement et vision d’équité.

 

Le Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) a clôturé, le 5 décembre 2025, un atelier majeur consacré aux résultats préliminaires de l’Enquête nationale sur le préscolaire. Axée sur les scénarios d’investissement et l’alignement des partenaires internationaux, cette rencontre marque une étape décisive vers la restructuration d’un sous-secteur longtemps négligé mais essentiel : l’éducation des enfants de 3 à 5 ans.

L’éducation préscolaire joue un rôle déterminant dans le développement cognitif, social et émotionnel de l’enfant. 

Pourtant, en Haïti, ce segment stratégique du système éducatif a longtemps fonctionné avec très peu de données, des interventions fragmentées et une forte inégalité d’accès.

Conscient de cette réalité, le MENFP a entrepris une Enquête nationale sur le préscolaire afin d’obtenir un portrait clair des structures en place, des besoins, des insuffisances et des opportunités.

L’atelier organisé du 3 au 5 décembre 2025, consacré à la restitution des résultats préliminaires, a rassemblé une large coalition de dirigeants publics, d’experts techniques et de partenaires internationaux  UNICEF, AFD, BID, Ambassades, UNESCO, PAM, FNE, et directions départementales. 

L’objectif : définir une feuille de route commune pour un financement cohérent, équitable et stratégique du préscolaire haïtien.

Dans un pays où la fracture éducative commence dès les premières années de la vie, la vision défendue par le Ministre Augustin ANTOINE  « standardiser l’offre, réduire les inégalités et garantir un accès équitable à la petite enfance » résonne comme un tournant.

Un engagement clair : standardiser l’éducation préscolaire pour tous les enfants.

D’entrée de jeu, le Ministre de l’Éducation Nationale, Augustin ANTOINE, a rappelé l’ambition du MENFP : mettre de l’ordre dans le sous-secteur et réduire les disparités entre zones rurales et urbaines, entre familles aisées et défavorisées.

« Que l’enfant soit issu de milieu riche ou pauvre, qu’il vive en milieu rural ou urbain, il doit avoir accès à la même éducation », a insisté le ministre.


Cet engagement politique fort place la petite enfance au centre de la stratégie éducative nationale. Dans un pays marqué par de profondes inégalités, la normalisation du préscolaire représente un levier puissant pour améliorer les parcours scolaires à long terme, réduire le redoublement, et favoriser l’équité des chances.


Des données inédites pour orienter les politiques publique.

L’un des apports majeurs de cette rencontre est la richesse des informations collectées à travers l’Enquête nationale sur le préscolaire. Pour la première fois, les autorités disposent :

  • d’une cartographie détaillée des centres existants, publics et non publics ;
  • d’une analyse de la qualité et de la diversité des services éducatifs ;
  • de données sur les coûts, les forces et les défis du sous-secteur ;
  • d’une vision claire des zones sous-desservies et des besoins prioritaires.

Selon le ministre ANTOINE, ces données permettent à la fois une planification stratégique, une allocation optimale des ressources, et un meilleur encadrement des interventions sur le terrain.

La représentante de l’UNICEF, Geetanjali NARAYAN, a également souligné la valeur exceptionnelle de ces statistiques pour orienter la prise de décision: 

« Nous disposons aujourd’hui d’une base solide pour orienter les choix politiques et stratégiques à venir. Ces données permettent de planifier une expansion équitable du préscolaire public tout en consolidant la qualité des services non publics. »

Autrement dit : pour agir efficacement, il fallait comprendre. Aujourd’hui, le MENFP et ses partenaires tiennent enfin cette compréhension.

Financement du préscolaire : des scénarios d’investissement réalistes et structurants.

La troisième journée de l’atelier a été dédiée aux scénarios d’investissement, animée par le professeur Alain MINGAT, spécialiste reconnu en économie de l’éducation.

L’objectif était clair : déterminer les priorités et identifier des modèles de financement soutenables pour porter une réforme nationale du préscolaire.

Les échanges ont porté sur plusieurs axes stratégiques :

1. Consolider le réseau public.

Augmenter la capacité d’accueil, améliorer la qualité pédagogique et garantir une présence dans les zones actuellement dépourvues.

2. Encadrer et soutenir les services non publics.

Reconnaître leur poids dans l’offre nationale tout en renforçant les normes, les pratiques et la durabilité financière.

3. Développer des approches équitables.

Cibler en priorité les enfants les plus vulnérables, notamment en milieu rural et dans les quartiers défavorisés.

4. Aligner les partenaires de la coopération internationale.

Assurer que l’aide extérieure s’inscrive dans un cadre stratégique unique, cohérent et coordonné par l’État haïtien.

Ces scénarios constituent désormais une feuille de route indispensable pour structurer l’avenir du préscolaire.

Un appel clair à la solidarité internationale.

Lors de la conférence de presse clôturant l’atelier, le Directeur Général du MENFP, Yves ROBLIN, accompagné du Représentant adjoint de l’UNICEF, du Directeur du FNE et de la Directrice du BUGEP, a réaffirmé la volonté du gouvernement d’investir davantage dans la petite enfance.

Mais il a aussi rappelé un point crucial : l’État haïtien ne peut pas relever seul ce défi.

Le MENFP sollicite un appui renforcé de la coopération internationale pour :

  • cofinancer le développement du réseau préscolaire public ;
  • soutenir les programmes de formation et de supervision pédagogique ;
  • améliorer les infrastructures et les équipements ;
  • accompagner la mise en œuvre des normes nationales ;
  • favoriser une transition progressive vers des services mieux encadrés, plus accessibles et de meilleure qualité.

La présence autour de la table de partenaires tels que l’UNICEF, l’AFD, la BID, l’UNESCO, le PAM, l’AECID, ainsi que les ambassades de France, de Chine-Taiwan et du Mexique, témoigne de l’importance accordée au dossier.

Une mobilisation multilatérale sans précédent.

L’atelier a rassemblé un éventail impressionnant d’acteurs. Parmi eux :

  • le Ministre Augustin ANTOINE ;
  • Yves ROBLIN, Directeur Général du MENFP ;
  • Elysé COLAGÈNE, Directeur Général du FNE ;
  • Geetanjali NARAYAN, représentante de l’UNICEF ;
  • Antoine MICHON, Ambassadeur de France ;
  • Guillaume Cheng-Hao HU, Ambassadeur de Chine (Taïwan) ;
  • Joanna GOMEZ, Cheffe de Mission adjointe de l’Ambassade du Mexique ;
  • Radhia OUDJANI, Directrice de l’AFD ;
  • Pedro Pablo VIÑUALES, AECID ;
  • Liz’Annick JEAN-CHARLES, BID ;
  • Jean Luc TONDREAU, UNESCO ;
  • Mkwambi WILFRED et Richemont SEKI du PAM ;
  • et plusieurs cadres du MENFP.

Cette diversité reflète un point crucial : le préscolaire n’est plus considéré comme un secteur périphérique, mais comme un enjeu national stratégique nécessitant un engagement collectif.

Pourquoi cet atelier marque un tournant majeur.

Dans l’histoire récente de l’éducation en Haïti, rares sont les moments où l’élaboration d’une politique sectorielle a bénéficié :

✔ d’un tel niveau de données ;

✔ d’une telle diversité de partenaires ;

✔ et d’un tel alignement politique.

La petite enfance est désormais considérée comme un investissement déterminant, non seulement pour le système éducatif, mais pour le développement national dans son ensemble.

Ce tournant repose sur trois piliers essentiels :

1. L’équité

Garantir le même accès et la même qualité d’éducation préscolaire pour tous les enfants.

2. La qualité

Développer des standards nationaux, professionnaliser les intervenants, améliorer les outils pédagogiques.

3. La durabilité

Assurer un financement stable, prévisible et partagé entre l’État et ses partenaires.

Vers une nouvelle ère pour le préscolaire haïtien

L’atelier du MENFP sur la restitution des résultats de l’Enquête nationale du préscolaire ouvre une étape décisive dans la construction d’un système éducatif plus juste et plus cohérent.

Pour la première fois, l’État haïtien dispose de données fiables, d’une vision stratégique et d’un engagement collectif capable d’impulser une transformation profonde du sous-secteur.


Si les défis restent immenses. financement, infrastructures, formation, gouvernance, les fondations posées lors de cet atelier constituent un signal fort : Haïti s’engage à offrir à tous ses enfants de 3 à 5 ans une éducation préscolaire de qualité, quelle que soit leur origine ou leur condition sociale.



L’avenir du pays commence dans la petite enfance. Et le MENFP, avec ses partenaires, semble désormais déterminé à en faire une priorité nationale.


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